mercredi 26 septembre 2018

La transhumance de ces belles Aubracs aux yeux fardés


Quand arrive le dernier week-end du mois de mai, le plus proche du 25 mai, date traditionnelle de la montée des troupeaux vers le plateau de l’Aubrac, jour de la Saint Urbain, les vaches Aubrac s’impatientent comme si la montagne les appelait.
La semaine précédant la transhumance, la famille de l’éleveur est mise à contribution pour préparer les différentes décorations qui orneront les Aubrac.

Avant la levée du soleil, les paysans s’occupaient de leurs vaches afin de les préparer pour la transhumance. Ce jour-là, les reines ce sont elles : les Aubrac. Chaque éleveur s’applique à les embellir avec des rameaux fleuris, des drapeaux, du houx, des genévriers fixés sur leur tête. C’est avec grande peine qu’on leurs attachent cloches, clapas et sonnailles autour de leur cou, tellement l’appel du grand air les titillent.

Avant cinq heures du matin, tout est prêt pour la transhumance. Les éleveurs, la famille et les amis se retrouvent autour de la grande table dans la pièce commune de la ferme pour déguster un casse-croûte, qui lui sera à la mesure de la cinquantaine ou soixantaine de kilomètres qui séparent l’exploitation agricole de l’estive sur l’Aubrac. A la fin de ce repas très copieux, le chef de la maison claque la lame de son couteau Laguiole pour annoncer le départ de la transhumance.
Les vaches sont détachées de leur place et elles sont regroupées dans la cour de la ferme. En fait, seules les vaches effectueront intégralement cette longue distance, les taureaux pour pas perturber le troupeau, ainsi que les veaux trop jeunes, seront montés à l’estive dans des camions.
Les portes de la cour s’ouvrent en grand et le départ est là. C’est une vraie batterie-fanfare qui sort, quasiment au galop. Le propriétaire du troupeau part en tête avec à sa main le drelhièr, bâton coupé dans l’alisier blanc, arbre qui accompagne le hêtre dans les forêts de l’Aubrac.

La « vacada » (le troupeau) avance à une allure assez soutenue pendant les cinq ou six premiers kilomètres, après le rythme commence à ralentir. L’irréelle promenade se poursuit dans un vrai livre d’images, avec des hameaux, des villages, des pierres, des lacs… Après une vingtaine de kilomètres et à peu près trois heures de marche, la vacada s’arrête dans un village, où se trouve au centre une fontaine pour que les Aubrac puissent se désaltérer avant la véritable montée vers les hauts plateaux de l’Aubrac. 

Le troupeau repars sur les versants de la montagne en empruntant les chemins naturels appelés les « drailles ». Sur le coup de midi, la patronne du troupeau arrive à un endroit, convenu auparavant, avec le pique-nique et les couteaux Laguiole pour pouvoir se restaurer sur place. L’ambiance est bonne enfant.

La vacada reprend sa route en direction du village d’Aubrac, lieu de passage de tous les troupeaux qui transhument. A l’arrivée à Aubrac, les vaches s’abreuvent à la fontaine de la place, ou d’autres se couchent sur le bitume. Pendant ce temps sur le podium, les commentateurs expliquent la montagne, les burons et détaillent l’historique de chaque famille d’éleveurs devant une foule immense.
Dernière étape de la transhumance, le troupeau reprend les drailles pour enfin se retrouver au milieu de la montagne et pouvoir gambader sans aucune restriction. Les veaux sont déjà présents et sont tout content de retrouver leurs mères, cette vache Aubrac aux yeux maquillées qui a était la reine de la journée.

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